martedì 20 settembre 2011

Une vie ordinaire

Puisque je suis né j'en profite pour ne pas mourir et je m'embarque dans mon poème à destination inconnue
Toi qui as trente ans quand j'en ai 20 000 et qui me découvres ce soir en déchiffrant ces lettres préhistoriques
Tu sauras qu’un jour de printemps au fond de ces vieux âges d’Europe Albert-Birot de Paris a longuement pensé à toi 
Pierre Albert-Birot, Poésie 1945-1967



On m'a bien dit que j'étais né
mais de si drôle de façon
je me méfie des gens qui m'aiment
sans trop pouvoir faire autrement
bref j'attends confirmation
de cet événement suspect
rien ne m'ayant encore donné
l'enviable sensation
d'être tout à fait là sur terre
plutôt que dépendant d'un ciel
qui change souvent de chemise
bien plus que moi.
N'importe allons
Je suis pour le discours humain
Je suis pour la moitié de pain
Le désespoir c'est de se taire
Et si mon langage vous pèse
quoique si léger si fuyant
rien de plus facile à votre aise
que de jeter ce livre au vent.

Georges Perros
Une vie ordinaire, 1967


Mi è stato proprio detto che ero nato
ma in modo così strano
diffido della gente che mi ama
senza troppo poter fare diversamente
insomma attendo conferma
di questo evento sospetto
perché niente mi ha ancora dato
l'invidiabile sensazione
di essere effettivamente qui sulla terra
piuttosto che dipendente da un cielo
che si cambia spesso di camicia
molto più di me.
Fa niente andiamo
Sono per il discorso umano
Sono per la metà del pane
La disperazione è tacere
E se il mio linguaggio vi pesa
pur se leggero e sfuggente
niente di più semplice per il vostro piacere
che gettare questo libro al vento.

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