venerdì 4 novembre 2011

Moerlemaaie

suver leven ende vri
gaet voor gout en dierbaer stene
Bouden van der Loore, De maghet van Ghend

vivere onesti e liberi
passa davanti all'oro e alle pietre preziose

Les rébellions quasi universelles des années 1280 sont assez mal connues, sans doute parce qu'elles ont échoué. A Lille les séditieux furent bannis ; à Douai ils furent, dit-on, pendus aux nochères de leurs maisons ; à Saint-Omer ils furent enfouis vifs en 1285. A Arras le mécontentement du commun, latent dès 1275, éclata en 1285 : l'enquête du 1289 révéla les abus classiques, judiciaires, fiscaux et financiers, des oligarques, mais en 1285 on s'en était pris aux riches : le conflit avait glissé du politique au social. A Bruges la situation était tendue et les oligarques divisés. La Moerlemaaie éclata en septembre 1280 à l'occasion de la reddition des comptes imposée par le roi le 10 juillet 1279. Le commun rédigea une plainte contre les échevins. La liste des complaignants montre que le commun était socialement hétérogène, le parti opposé de même. Il s 'agissait donc bien du gouvernement de la ville, non de l'ordre social. Le commun se soumit en avril 1281. Dans une seconde phase (mai et septembre 1281) il y eut des violences et des graves sanctions : c'était sans doute la phase sociale. Il en fut de même à Ypres avec la Cokerulle (5 octobre 1280). La sentence comtale du 1er avril 1281, assez modérée d'ailleurs, montre que les drapiers avaient fait cause commune avec les métiers contre les échevins et les marchands : le commun était encore à peu près uni. Puis le compte imposa la reddition publique des comptes. Peu après éclata une seconde révolte, sociale celle-là : des riches furent égorgés, les foulons et les tisserands de Poperinge et des villages voisins envahirent la ville. En juin-juillet la répression fut féroce. Le souvenir en fut durable : le 29 novembre 1303 les métiers « murdrirent » des échevins et des bonnes gens pour leurs « anciens méfaits ». Il est évident que le commun avait éclaté en 1281 : les bonnes gens d'un côté, les travailleurs de l'autre. 

Alain Derville, La société française au Moyen Âge, Presses universitaires du Septentrion, 2000

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