Ma che giornata, oggi. Non sembra Torino/Mais aujourd'hui, quelle journée. On ne dirait pas Paris

Mattinata romana di sole sulla terra e sull'acqua, frizzante, sapida, viva. Un capodanno mai visto. Seguirà un anno spaventoso?

Al 3 operazione, che mi darà nuova pace. Nel '47 non ho scritto niente (qualche dialogo e inizio romanzo). Non ho fatto niente. Sono usciti i due libri. Sono stato a Roma e al mare, sempre svelto, sempre un poco affannato. Paura o prurito?

Ma che giornata, oggi. Non sembra Torino. È un inverno più strano del '43-'44. Sembra una città nuova in cui si arriva la mattina dal treno, e si sa che si girerà si vedrà si vivrà. Una città sul mare col sole che schiara gli ultimi piani delle case, dei palazzi, e le colline aperte.

1° gennaio 1948
Cesare Pavese, Il mestiere di vivere, Einaudi, 1952

Matinée romaine de soleil sur la terre et sur l'eau, mordante, savoureuse, vivante. Un premier janvier comme je n'en ai jamais vu. Une année terrible va-t-elle suivre ?

Le 3, opération qui me donnera une paix nouvelle. En 47, je n'ai rien écrit (quelques dialogues et début d'un roman). Je n'ai rien fait. Mes deux livres sont sortis. Je suis allé à Rome et à la mer, toujours vif, toujours un peu haletant. Peur ou envie ?

Mais aujourd'hui, quelle journée. On ne dirait pas Turin. C'est un hiver plus étrange que celui de 43-44. On dirait une ville nouvelle où l'on arrive le matin par le train, et l'on sait que l'on va se promener, voir, vivre. Une ville au bord de la mer avec le soleil qui éclaire les derniers étages des maisons, des palais, et les collines ouvertes.

1er janvier 1948

Cesare Pavese, Le métier de vivre, traduit par Michel Arnaud, Gallimard, 1958